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Extraits de biographie

Un aperçu du travail d'écriture pour des prestations de biographie

Le secret de Marie

Marie fut ma première cliente de « Racines et Mémoires », une angevine âgée de 85 ans qui n’a pas hésité à me raconter son secret.

J'ai regardé mille fois «  Sur la route de Madison » et j'ai pleuré à chaque fin du film quand les deux enfants de Francesca dispersent ses cendres sous le pont Roseman. 

 

J’ai également lu et relu le roman de Robert James Waller mais l’adaptation cinématographique avec Meryl Streep et Clint Eastwood m’a bouleversée.

 

Cette passion secrète et inoubliable, je l’ai vécu avec Julien et notre idylle résonne profondément en moi. Cet amour puissant a enchanté ma vie et me donne encore une force incroyable quand je me plonge dans les souvenirs de son doux visage. Julien reste source de réconfort et de bonheur dans mes moments de doute et de solitude.

 

Je n’ai aucune photo, aucun écrit de lui. Les souvenirs sont gravés dans mon cœur. Nous étions des clandestins de l’Amour, mariés tous les deux, notre histoire intense fut un secret absolu.

 

Double vie des amants et des maîtresses, notre jardin secret n’était connu que de ma meilleure amie qui me servait d’alibi lors de mes rendez-vous clandestins avec Julien.

 

Mes deux enfants feront comme Michael et Caroline dans le film «  Sur la route de Madison », ils découvriront mon secret qu'en lisant mon carnet de vie, plus tard quand je ne serai plus.

 

Georges

 

J'ai pourtant aimé leur père à la folie, il était vétérinaire. Georges désirait des enfants et moi, je ne pouvais concevoir de vivre sans. Ainsi, nous nous sommes mariés, nous avons acheté une maison. Christine est née en 1950, puis Pierre en 1957 et nous sommes rentrés petit à petit dans la banalité d’une vie de couple. Ponctués par les rires de nos merveilleux enfants qui grandissaient.  

 

Nous nous sommes installés petit à petit, sans nous en rendre vraiment compte dans le quotidien d’une routine bien huilée, je ne travaillais pas. Le situation professionnelle de Georges nous permettait de bien vivre, très bien vivre même. Je tenais les comptes et j’étais bénévole à la bibliothèque de l’école. J’adorais ces matinées passées à raconter des histoires aux enfants. Mais les journées étaient parfois longues et Georges devenait amer. Des échecs professionnels dans sa vie rude de vétérinaire à la campagne. Suicides, dépressions chez les agriculteurs, de nombreux déplacements dans le département, Georges sombrait dans une dépression et nous n’arrivions plus ni à communiquer, ni à nous comprendre. Je rêvais de voyages, de découvertes, et lui s’enfermait de plus en plus dans son cabinet vétérinaire, persuadé qu’il pouvait sauver le monde de l’agriculture.

 

La suite et la belle rencontre de Marie.  

 

Julien, mon amant

 

Quand j'ai rencontré Julien, j'avais 45 ans. Nos couples réciproques étaient d’une monotonie déconcertante. Julien était un être rare et raffiné, avec un lourd fardeau familial, un drame lié à la politique internationale. 

 

Notre rencontre fut un hasard au milieu d’une balade sur Angers où je m’étais évadée le temps d’un après-midi printanier. Une demande de renseignement, un café partagé, des bribes de vies qui se racontent. Nous nous sommes aimés dès le premier regard mais j'étais incapable d'abandonner Christine et Pierre, encore adolescents et un Georges, certes perdu, stressé, surchargé, épuisé par le travail et le spectacle désastreux de ses éleveurs mais encore fidèle et toujours amoureux de moi.

 

Julien et moi, ce fut passionnel et brutal, des rendez-vous loupés, des rencontres fugaces, cachées mais exceptionnelles. Nous étions véritablement en symbiose, tout me plaisait chez lui, tout lui plaisait chez moi. Mais en écoutant «  à l'encre de nos yeux » de Francis Cabrel, nous savions d'avance que notre relation était impossible, dangereuse mais tellement vertigineuse.

 

Nous nous sommes séparés dans la douleur après une année d’amour passion, d’amour fou où la clandestinité pimentait encore plus nos rencontres.

 

Georges n’est plus. Il a été emporté par la terrible maladie, celle qui détruit tout en quelques mois. Un cancer du pancréas lui a été fatal. Il a été un mari doux et généreux, un merveilleux père attentionné et toujours très présent pour ses enfants et petits enfants.

 

Je suis vieille maintenant mais je rêve toujours de revoir Julien.

 

J'ai aimé cet homme à la folie. Avec lui, je me sentais tellement moi, tellement libre. Il avait ce don de m'élever, de trouver chaque jour, le petit plus qui embellit une vie. 

Avec lui, je devenais une femme sensuelle, intelligente et vivante.

 

Je ne sais pas ce qu’il devenu et parfois, je regrette mon manque de courage comme Francesca, de ne pas avoir ouvert la portière de la voiture pour le retrouver malgré la pluie et de partir à l’aventure avec lui.

 

J’étais incapable alors de quitter Georges, Christine et Pierre. La culpabilité m’aurait anéantie.

 

Mais, je veux que mes enfants sachent à quel point, Julien m'a aimé et que j’ai connu un bonheur infini et absolu.

La jeunesse d'Hélène

Hélène, ma belle-maman, m'a confié ses premières années d'enfant d'immigrés italiens. 

Fille de ritals
 

Mon enfance aurait pu croiser celle de François Cavanna, célèbre écrivain des  Ritals , ou peut-être celle de Tonino Benacquista, auteur de Porca Miseria mais le premier est de dix ans mon aîné et le second a quatre ans de moins que mon fils Dominique.

 

Nous sommes cependant tous les trois des « macaronis », des fils et filles d'italiens. Nos parents ou grands-parents avaient tous quitté l'Italie, cherchant de nouveaux horizons loin de la pauvreté et des troubles politiques de leur pays. Leur patrie pourtant adorée était en proie à de grandes difficultés économiques, exacerbées par le régime fasciste de Mussolini et ses chemises noires. 

 

Mes parents, Romano et Gilda sont arrivés en France en 1925 après leur mariage à Reschigliano, une petite commune près de Padoue. C'est attendant son premier enfant, mon frère Antoine, que ma mère a traversé toute la France en train, de Venise à Paris.

 

La cité Tillemont

 

Ils se sont installés dans la banlieue parisienne à Montreuil-sous-Bois. Ils étaient attendus par des cousins italiens qui tenaient un café-épicerie, rue Raymond Lefebvre, le quartier général des immigrés de la cité de Tillemont. 

 

C'est dans cette cité que j'ai grandi. Mes parents vivaient dans un « une pièce cuisine » sans lieu d'aisance ni de salle de bain. Une seule pièce servant à la fois de salon, chambre et de cuisine, sans les commodités sanitaires que nous tenons pour acquises aujourd'hui. L'eau,  je me souviens, était puisée à la force des bras de Papa dans le puits commun au milieu de la cour. Mes parents montaient les seaux d'eau, lourds et encombrants au troisième étage, sans ascenseur évidemment. J'ai appris très jeune à tout économiser et à ne rien gaspiller.

 

J'ai 90 ans aujourd'hui et je me rends compte de tous les progrès qui ont transformé notre quotidien et amélioré nos conditions de vie. C'est presque inimaginable.

 

Les toilettes, c'étaient dans le bar-café des cousins et j'ai vite connu la signification de l'expression «  avoir la courante ».

 

Ma petite enfance

 

Quelques jours après ma naissance, le 13 décembre 1933, mon frère Antoine a du ranger ses jouets éparpillés dans la cuisine pour me faire une place et installer mon berceau.

 

Nous n'avions aucun confort, aucun recoin intime mais j'ai la nostalgie d'une enfance heureuse. Dans ce petit coin de vie, où le parmesan et la sauce bolognaise embaumaient l'air, j'ai grandi entouré d'amour et de chansons. 

 

Papa travaillait comme maçon et rentrait blanc de plâtre et de poussière de son labeur, mais toujours joyeux avec une joie de vivre inébranlable,  sifflotant des airs italiens.

Maman, faisait des heures de ménage à gauche et à droite. Elle aussi, chantait tout le temps, elle remplissait la maison de l'harmonie de sa voix surtout lorsqu'elle préparait les spaghetti fins, étirant la pâte à travers la machine italienne pour la draper ensuite sur le lit, sur un drap blanc immaculé.

 

Mon terrain de jeu, c'était la cour de la cité où je retrouvais ma copine Lili, la fille de l'épicier italien.

Une enfance protégée

Robert nous raconte comment il a vécu la Seconde Guerre mondiale à travers ses yeux d'enfant.

Le mensonge

 

C’est dans le secret du décès de ma mère que j’ai vécu ma petite enfance. Orphelin de mère à deux ans et éloigné de mon père par la distance imposée de sa carrière militaire, je fus élevé par mes grands tantes et mon grand oncle maternels. Ils sont devenus mes repères affectifs, ceux que je nommais tendrement  «  mes vieux ».

 

Mon père était basé sur la ligne Maginot, quelques photos de lui me portant dans ses bras, témoignent de cette période avant guerre. Je n’avais que deux ans.

 

La ville d’Epinal reste gravée dans ma mémoire, avec les images de tante Julie aux fourneaux, et de ma « nana » tante Nadège qui m’accompagnait à l’école maternelle.

 

C’est un mélange de souvenirs doux-amers car le mensonge sur le décès de ma mère me revient parfois d’emblée. Mon cocon familial protecteur me faisait croire qu’elle était hospitalisée et me faisait envoyer des lettres alors qu’elle était décédée d’une maladie rénale alors inguérissable. Pourquoi les adultes mentent-ils ainsi aux enfants ?

 

J’ai connu bien tard cette terrible vérité et je n’ai aucun souvenir de ma mère mais son décès prématuré et son inhumation ont eu pour conséquence le retour de mon père au foyer.

 

La clandestinité


 

Devenu veuf avec un enfant à charge, il a bénéficié des accords signés entre Pétain et Hitler établissant une collaboration entre la France et l’Allemagne pour rentrer s’occuper de moi.

 

J’avais désormais un père mais malgré son implication que je soupçonne dans les réseaux de la Résistance locale, notre vie était terriblement menacée par nos origines juives et nous avons dû fuir. 

 

Ma famille doit sa survie à la Résistance et aux contacts de mon père. Totalement bilingue, sa connaissance de la langue allemande était un atout majeur et de plus, militaire, un excellent stratège pour aider les réseaux existants.

 

Aidés par l’armée de l’ombre, nous avons trouvé refuge dans une étable où je me souviens avoir dormi dans la chaleur du foin et l’odeur des animaux, souvenirs indélébiles de ces moments d’exode pour échapper à la persécution. Puis, le réseau nous a trouvé une petite maison où nous avons pu vivre jusqu’à la fin du conflit.

 

Une enfance protégée

 

J’allais à l’école comme tous les autres petits garçons. J’étais bon élève. J’ai toujours été un élève brillant, tout au long de ma scolarité. J’avais des amis avec qui je corresponds toujours d’ailleurs. Mon enfance fut extrêmement protégée, malgré le contexte de guerre qui pouvait régner à l’extérieur. Je n’ai ressenti aucune restriction ou privation. Ma famille a su me protéger des affres de l’époque. Elle a su maintenir un semblant de normalité même dans les moments les plus difficiles, un îlot de paix où j’ai grandi comme n’importe quel petit garçon. Je ne me suis jamais senti orphelin, ni enfant de la guerre. J’ai grandi sans vraiment comprendre les enjeux des conflits.

 

Les flammes de la libération

 

C’est seulement à la libération, le 4 septembre 1944, quand mon père m’a fait vivre l’arrivée des convois américains avec leurs jeeps et leur matériel militaire que j’ai compris l’horreur du conflit armé. Je l’ai vécu en Alsace, département de ma naissance mais j’imagine les mêmes atrocités un peu partout en France.

 

Assis sur le cadre de son vélo, je vivais dans l’euphorie de la libération, synonyme d’espoir et de reconstruction mais cette image fut vite ternie par les flammes provenant des villages incendiés par les Allemands tout au long de leur débâcle.

 

Des maisons détruites, des carcasses de voitures brûlées, c’est dans ce décor calciné que je fis ma rentrée des classes, retardée en octobre. De la bataille de septembre entre américains et allemands devant la place de la mairie, il restait des vestiges encore trop visibles et troublants pour un enfant de mon âge.

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